[ Yannick Haenel ]



Yannick Haenel est un écrivain et essayiste français ; il codirige la revue Ligne de risque. Il a écrit une dizaine d'ouvrages. En 2010, l'écrivain est décoré par la légion d'honneur, devenant donc chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres. « Jan Karski » est son cinquième roman, pour lequel il sera récompensé à deux reprise ; le Prix Interallié et le Prix Fnac.


« Jan Karski »

« Jan Karski » est un roman, et non pas un témoignage. Lorsque Karski entre dans le ghetto pour être celui qui a  vu et donc pourra témoigner de cette vision ; il en devient immédiatement le messager. Articulé en trois grands chapitres, on découvre tout d'abord le témoignage de Jan Karski face à la caméra de Claude Lanzmann dans son film Shoah, puis c'est le résumé du livre qu'il a publié en 1944 « Histoire d'un Etat secret », puis enfin en troisième partie l'auteur prend la parole au nom de Jan Karski retraçant son itinéraire de courrier de l'Armée de l'intérieur polonaise son parcours dans la résistance et son combat pour faire entendre sa voix auprès des grands de ce monde pour sauver les Juifs polonais.
Au-delà des polémiques qu'a pu susciter ce livre, celui-ci a pour moi de nombreuses vertus. Nous découvrons l'existence importante de la résistance polonaise durant la seconde guerre mondiale, qui n'a accepté aucun compromis et qui a été la plus précoce à se mettre en route en Europe. Nous avons ici un « roman » qui pose forcément la question sur « Et moi, qu'est-ce que j'aurais-fait ? » Ce livre de Yannick Haenel est un livre utile, au même titre à mon goût que « Si c'est un homme » de Primo Lévi. Il nous appartient à tous de savoir que ce message existera et circulera à travers les personnes, à travers les cultures, à travers le monde. Ce livre nous démontre bel et bien que la mémoire est importante, que rien ne doit être oublié, que c'est en ignorant l'Histoire que l'Histoire se reproduit. Il est important de souligner que l'humanité sait elle-même nier sa propre existence et porter en elle ce silence égoïste, ce mutisme complice, dont elle a beau se mordre les doigts par la suite ; cet ouvrage est un hymne à la réflexion .

« J'ignorais à l'époque que le meilleur moyen de faire taire quelqu'un est de le laisser parler. »