[ Florian Zeller ]


Florian Zeller est un écrivain français. Il a été révélé par son premier roman « Neiges artificielles », recevant ainsi le prix de la fondation Hachette. Ce jeune écrivain fait une entrée fracassante sur les devants de la scène littéraire française. Florian Zeller est également un grand dramaturge de ce siècle. Il m'est aussi difficile pour cet auteur de sélectionner quelques ouvrages de lui, je vais donc me concentrer tout d'abord par  « Les amants du n'importe quoi », puis par « La fascination du pire », et ensuite par « La jouissance ».


« Les amants du n'importe quoi »

Florian Zeller nous livre ici l'éternelle histoire du « Fuis moi je te suis, suis mois je te fuis ». Tristan a une très haute opinion de lui-même, il se sent exceptionnel et supporte mal le fait de s'installer dans une certaine médiocrité. Pourtant, Amélie réussit à l'attendrir, mais plus elle l'adoucit et plus il lui en veut, tandis qu'elle tremble seulement à l'hypothèse d'une rupture imminente. Entre attendrissement, tromperies, jalousie, attente, dépendance, peur de l'abandon et cynisme, voici le spectacle effarant et cruel de tout ce que la passion provoque : des promesses intenables, d'instabilité sentimentale et d'impossible rupture. C'est tout ce « n'importe quoi » auquel les élans du cœur nous poussent à faire sans aucune maîtrise possible.
« Les amants du n'importe quoi » nous livre un portrait de couple typique de la nouvelle génération. Entre Tristan, aimant sa vie de célibataire et collectionnant les aventures d'un soir, et Amélie, croyant avoir trouvé le grand amour en Tristan, ce roman nous dévoile une juste réflexion sur l'humanité, sur les gens qui aiment et ceux qui se demandent ce que signifie aimer. Le style de Florian Zeller est très agréable, très fluide, avec une écriture divinement maîtrisé. Un roman moderne parfaitement réussi
.
« Au milieu d'une phrase, pourtant, il l'embrasse. Elle fait semblant d'être surprise. Par coquetterie encore une fois. Et pas indignation, pour signifier qu'on ne lui coupe pas la parole comme çà. Puis elle se détend, s'abandonne. »


« La fascination du pire »

Un jeune écrivain est invité par l'ambassade de France au Caire pour donner une conférence. Il y va un peu contraint et forcé...et rencontre un autre jeune auteur, avec lequel il va nouer une sorte de relation entre amitié et défiance. Les deux hommes discutent dans l'avion d'un ouvrage de Gustave Flaubert, qui donne directement le ton de leur voyage...une sorte de quête de plaisir dans un pays où la sensualité orientale n'est plus qu'un lointain souvenir. L'auteur tente de développer simplement des thèses diverses et variées qui vont de la place de la femme de l'Islam, à la tentation meurtrière de l'islamisme, ou encore à la sexualité masculine. Cependant, l'Islam n'est pas le seul sujet du livre, il y a aussi des personnages forts comme Martin qui prennent une place importante, parfois abjecte, arrogant, vulgaire mais cachant tout de même une véritable souffrance.
Florian Zeller nous pousse ici à réfléchir sur les fondements de la société orientale et occidentale. N'ayant pas pour but de faire polémique, ce roman est un cri d'humanisme, de liberté de pensée et d'expression pour ceux qui se font manipuler quotidiennement par divers médias. Florian Zeller nous incite à fixer la limite entre la fiction et le réel. Ce livre surprenant est parfois dérangeant mais doté d'une profonde intelligence.

« Un grand écrivain est justement celui  qui nous emmène là où nous n'avons pas envie d'aller.»


« La jouissance »

Pauline, cadre dans une grande entreprise de cosmétique, et Nicolas, scénariste de cinéma, vivent ensemble depuis deux ans. On fait leur connaissance dans la bohème d'un petit appartement étudiant du quartier de Montparnasse, on les quittera dans un appartement familial de Levallois. Deux ans, le temps d'avoir des souvenirs en commun, une vraie complicité, des références à eux. Le temps de faire un bébé, le temps de constater que l'amour s'en est allé. Le roman commence dans un lit, où Pauline et Nicolas ont encore des choses à découvrir. En faisant l'amour à Pauline, Nicolas fantasme qu'une amie commune, les a rejointe. Un peu plus loin, dans une chambre d'hôtel de l'affolante Victoria, il pense à Pauline. Dans le sexe, l'amour de Nicolas à la fois s'exaspère et se détruit. Ils souffrent et font souffrir, mais ils ne sont ni sombres, ni violents. Ils font de leur mieux ; ils ont la bonne volonté pour horizon. Leur amour s'éteindra pourtant, et c'est justement cette absence de vraie noirceur qui rend si poignant le délitement de leur passion.
« La jouissance » met en scène le quotidien d'un couple avec ses hauts et ses bas, ses joies et ses déceptions, ses rires et ses pleurs, un couple dans l'air du temps, ce qui nous rapproche inévitablement des personnages. Le rythme d'écriture est fluide, soutenu, ce qui empêche le lecteur de tomber dans un profond ennui. Florian Zeller a su une nouvelle fois démontrer son talent incontestable en nous transportant dans son univers, dans lequel il fait une critique sociale du couplé encré de politique, de philosophie avec beaucoup de simplicité et de légèreté.

« Nous êtres limités à l'esprit infini, sommes uniquement nés pour la joie et pour la souffrance. Et on pourrait presque dire que les plus éminent s'emparent de la joie par la souffrance. »