[ Audur Ava Olafsdottir ]



 Aour Ava Olafsdottir est une auteure islandaise. Très active dans le domaine de l'art, elle est professeur d'histoire de l'art à l'université et directrice de musée. « Rosa Candida » est le premier roman de l'auteure traduit en France ; elle a par ailleurs écrit deux autres romans : « L'embellie » et « L'exception ».
 
 
« Rosa Candida »
 
Arnljotur est un jeune islandais qui aurait pu faire de brillantes études mais qui préfère devenir jardinier, après avoir été pêcheur. Il décide de quitter son père octogénaire, veuf et inconsolable, et son jeune frère handicapé mental pour aller dans un pays lointain exercer sa future profession dans un monastère. Il part avec trois plants d'une rose très rare avec ses pétales soudées, la Rosa Candida. Mais le jeune homme est un grand naïf qui a mené sa vie à l'envers, en commençant par la fin. A 22 ans, il est déjà père d'une petite fille, sans avoir vraiment connu la mère de l'enfant ; en effet, ils ne sont connus qu'une partie de la nuit après une soirée bien arrosée. Et voilà que peu de temps après son installation chez les moines, la mère et la fille reviennent...
Ce roman est une véritable petite perle de douceur, de délicatesse et de bonheur. Ce roman sentimental est rempli de références littéraires et cinématographiques, qui a pour vocation d'être poétique. Le personnage du jeune père est fort attachant pour tenter de réussir à endosser le rôle de père et d'amant à la fois ; la mère est plus mystérieuse, plus fantasque. On sent que l'auteur a voulu s'attacher à dépeindre  et analyser des sentiments et la lente évolution d'une relation sentimentale plutôt mal partie. Il s'agit d'un roman quelque peu inclassable, parfois on y verra un roman initiatique, parfois un road-trip, mais l'auteur maîtrise parfaitement son récit.
 
« Ceux qui arrivent à entrer un court instant dans la vie des autres peuvent avoir plus d'importance que ceux qui y sont installés depuis des années. »
 
 
« L'exception »
 
Un homme et sa femme réveillonnent pour le Nouvel-An. L'homme, Floki, un peu fébrile, se retourne vers sa femme et lui annonce qu'il la quitte pour un homme. Elle, Maria, qui n'a évidemment rien vu venir, ou qui n'a pas voulu voir ce qui se produisait se retrouve donc seule avec ses deux enfants. Sonnée et abasourdie, incapable d'imaginer une seconde sa vie sans son mari, elle attend qu'il l'appelle et qu'il revienne. Les jours passent et Maria se refait sans cesse le scénario de leur vie commune avec sa voisine Perla un peu excentrique. Le choc, l'incrédulité, la colère, Maria passe par tous les états émotionnels, alors que son père biologique qu'elle n'a jamais connu débarque à Reykjavik. C'est l'histoire d'un tremblement de terre, d'un séisme personnel, d'une petite mort. C'est l'histoire d'une métamorphose : d'un passage à l'âge adulte et d'une naissance.
L'auteur conjugue avec grâce l'humour et le sérieux pour aborder le thème de la séparation, surtout quand la rupture n'est pas conventionnelle, parce que Floki avoue à sa femme son homosexualité.  Maria devient l'exception dans la vie de son ex-mari. On est frappé par l'absence de cris, de révolte de la part de cette femme abandonnée. Pourtant, la douleur est bel et bien présente, mais en sourdine, surtout que Floki est aussi froid que l'hiver polaire du Grand Nord. « L'exception » est un magnifique roman, réussi. C'est un petit bijou anti-mélancolique et hautement poétique. Tout est criant de vérité, il n'y a aucune fausse note, où l'hiver islandais est représentatif du mal-être intérieur de Maria. On ne sombre jamais dans les larmes et la tristesse, mais dans cette possibilité d'un nouveau départ, d'une nouvelle vie, où l'apaisement et la sérénité sont les maîtres mots. Il y a chez l'auteur une sensibilité, une précision et une simplicité dans la narration qui font de ce roman une vraie réussite.
 
« Il faut multiplier les expériences pour grandir et s'ouvrir au monde. »