[ Yann Moix ]


Yann Moix est un auteur et réalisateur français. Il a écrit douze romans, dont « Jubilations vers le ciel », qui a reçu le Prix Goncourt du premier roman en 1996, et « Naissance », qui a reçu le Prix Renaudot en 2013.

« Naissance »

« Naissance » est impossible à résumer tant par ses 1183 pages que par sa complexité, je vais juste me résoudre à vous exposer la quatrième de couverture. La naissance ne saurait être biologique : on choisit toujours ses parents. Naître, c'est semer ses géniteurs. Non pas tuer le père, mais tuer en nous le fils. Laisser son sang derrière, s'affranchir de ses gènes. Chercher, trouver d'autres parents : spirituels. Ce qui compte, ce n'est pas la mise au monde, mais la mise en monde. Naître biologiquement, c'est à la portée du premier chiot venu, des grenouilles, des mulots, des huitres. Naître spirituellement, naître à soi-même, se despermatozoider, c'est la portée de ceux-là seuls qui préfèrent les orphelins aux fils de famille, les adoptés aux programmés, les fugueurs aux successeurs, les déviances aux descendances. Toute naissance est devant soi. C'est la mort qui est derrière. Les parents nous ont donné la vie ? A nous de la leur reprendre. Le plus tôt possible.
J'ai longtemps hésité à entreprendre la lecture de ce livre-monstre, considération mon estime plus que basse pour l'auteur. Je dois avouer, que j'ai été agréablement surprise par sa maîtrise quasi-parfaite de l'écriture. J'aime sa narration, ses courtes phrases, le rythme qu'il impose, sa façon  de s'adresser au lecteur. Ce roman est complètement différent et original, c'est un concentré de démesure, cela nous change des romans bien lisse ; j'ai adoré ce spectacle littéraire burlesque. Yann Moix a choisi l'humour pour régler ses comptes avec son enfance orléanaise. Quel bonheur de se plonger dans ce roman, où notre imagination se laisse vagabonder. Un vrai petit bijou de création littéraire et de stimulation intellectuelle. Je déteste toujours autant l'auteur, voire même un peu plus, mais je pense qu'il faut savoir différencier l'auteur de l'ouvrage. Ce roman vaut la peine d'être lu, et ne soyez pas effrayés par le nombre de pages, il se lit très facilement.

« Le monde est là pour multiplier le monde. C'est la quantité qui compte. Pourvu que ça naisse. La foule fournit sans cesse plus de foule. On naît au carré. »