Il n'y a pas de petite ou de grande littérature. Toute littérature est un cri du cœur. Je suis libraire depuis cinq ans et demi, et je suis la première à m'offusquer contre ces libraires pseudos-élitistes, qui considèrent que les livres commerciaux ne font pas partie de la littérature. Je ne vois pas en quoi lire du Guillaume Musso ou du Marc Lévy devrait être considéré comme honteux ; il ne faut pas oublier que c'est cette littérature qui fait vivre les librairies, et donc les libraires. Après, je n'aime toujours pas Guillaume Musso, Marc Levy oú je ne sais qui d'autre encore, je trouve toujours cette litterature facile, sans grande ingéniosité littéraire , ni de prise de risque, elle est égale à elle-même : banale. Et, entre nous, je ne suis personne pour m'octroyer le droit de définir ce qui est bon ou mauvais, ou ce qui doit être considéré comme littérature ou non. Un bon livre est un livre dont on ne compte pas le nombre de pages qui nous restent encore à lire. Ne pas aimer ne signifie pas être mauvais.
Je vous présente tous mes coups de cœur depuis mes débuts dans ce métier.

« La littérature ne permet pas de marcher, mais elle permet de respirer. » Roland Barthes

[ David Foenkinos ]


Je ne pouvais décemment, commencer ce blog sans commencer par l'auteur qui a le plus bouleversé ma vie à travers ses écrits.

Romancier depuis 2001, David Foenkinos a écrit seize romans, une pièce de théâtre, et a collaboré à quelques ouvrages collectifs. Deux de ses romans ont été adapté au cinéma : La délicatesse en 2011, et Les souvenirs en 2014. Il est une figure emblématique de la littérature française contemporaine, ayant reçu de nombreuses distinctions pour plusieurs de ses romans notamment le prix Renaudot et le Goncourt lycéen pour son ultime roman en 2014. David Foenkinos est traduit dans quarante langues.
Ayant lu l'intégralité de l'œuvre de David Foenkinos, il m'est assez difficile de ne sélectionner que quelques romans, néanmoins je vais vous parler tout d'abord de « Nos séparations », puis « Les souvenirs », et évidemment « Charlotte ».


« Nos séparations »

David Foenkinos nous invite dans ce roman à suivre les aventures amoureuses entre Fritz et Alice, deux personnes que tout oppose, mais qui malgré tout s'aiment passionnément. Assez rapidement, a lieu la séparation tant redoutée suite à un diner chez les parents d'Alice, causée par une impossible entente entre Fritz et sa belle-famille. Arrive une nouvelle femme, Céline, dans la vie du protagoniste, jusqu'au retour inespéré d'Alice, qu'il va perdre la veille de leur mariage. « Nos séparations » est donc l'histoire de ses ruptures incessantes entre Fritz et Alice, de leurs retrouvailles intenses, mais aussi de leurs séparations qui ne sont pas sans douleur.
Ce livre est un petit bijou romantique comme on adore les aimer. Il est vrai que l'on passe par tous les clichés d'une histoire d'amour basique : le coup de foudre, la demande en mariage, la maîtresse, les engueulades, les séparations, les retrouvailles. Malgré tous les clichés apparents, ce livre n'est pas du tout un roman à l'eau de rose comme on peut y être habitué, bien au contraire. David Foenkinos s'amuse à jouer avec tous ses clichés avec la plus grande finesse et subtilité possible d'une manière assez extraordinaire et surprenante. Cependant, tout n'est pas que légèreté dans ce roman : la rupture y est largement abordée. C'est là que réside tout le talent et le génie de David Foenkinos : parler des choses dures et compliquées de la vie avec un humour certain et recherché.

 « Je devais vivre mon bonheur avec un compte à rebours du malheur dans le cœur. »


« Les souvenirs. »

Le narrateur de ce roman, apprenti-romancier, prend conscience tardivement au décès de son grand-père de tous ses moments manqués avec lui, et de tout ce qu'il n'a pas pu partager avec. Il comprend donc, que le meilleur moyen de le garder vivant est de faire perdurer sa mémoire et leurs souvenirs ensemble. Parallèlement à ce drame, sa grand-mère commence à être atteinte d'Alzheimer ; le narrateur assiste donc à son installation dans une maison de retraite. Il décide donc de vivre avec elle tous les moments qu'il n'a pas pu vivre avec son grand-père : il va la voir très souvent, réussit à lui faire oublier sa solitude. Malheureusement, quand la grand-mère va apprendre que son appartement a été mis en vente à son insu, elle décide de fuguer. Le narrateur va tout mettre en œuvre pour tenter de la retrouver et lui faire vivre ses derniers instants de bonheur et d'insouciance. Parallèlement, le destin lui fait rencontrer Louise qu'il va aimer, et qui le quittera. Toute cette panoplie de souvenirs : la douleur, la mélancolie, la joie, le rire et les pleurs vont lui offrir la possibilité d'écrire son roman, et de faire de son rêve une réalité. Tous ses souvenirs vont lui permettre d'écrire son propre avenir.
David Foenkinos nous livre ici une réflexion très tendre et sensible sur le temps qui passe et la mémoire des défunts. Tous les sentiments de déception, de tristesse, d'amour, de solitude, ou encore de vieillissement sont exprimés avec une grande délicatesse et l'humour certain, qu'on lui connait. C'est un roman touchant qui parle de la mort, de la douleur de voir partir les siens, mais il parle aussi de la vie, de ce combat sur la vie avec son lot de joies et d'amour. « Les souvenirs » est un magnifique roman nous renvoyant bien souvent à nos propres déchirures, nos propres souvenirs, qui nous fait vibrer et pour certains passages qui nous amènent même  à pleurer.

« Je voulais dire à mon grand-père que je l'aimais, mais je n'y suis pas parvenu. J'ai si souvent été en retard sur les mots que j'aurais voulu dire. Je ne pourrai jamais faire marche arrière vers cette tendresse. Sauf peut-être avec l'écrit, maintenant. Je peux le lui dire là. »



«  Charlotte »

David Foenkinos nous signe ici un magnifique hommage à Charlotte Salomon, injustement oubliée. Nous allons suivre donc le destin de cette jeune femme au lourd passé familial ; on pourrait  dire que sa famille semble être maudite, bien avant l'arrivée des nazis. Charlotte Salomon est une jeune femme, qui intègre les Beaux-Arts de Berlin, lit l'œuvre complète de Nietzsche et également celle de Goethe. Par la suite, elle tombe amoureuse du professeur de chant de sa belle-mère. En janvier 1933, les nazis arrivent au pouvoir, et les premières lois anti-juives sont promulguées. C'est dans ce contexte historique, que nous allons suivre la fuite de Charlotte dans le sud de la France chez une riche américaine. L'auteur se met subtilement en scène pour expliquer son parcours : la visite des lieux, il interroge les derniers témoins de la vie de Charlotte, qui lègue l'ensemble de ses œuvres à un ami médecin par crainte de son avenir. La jeune artiste peintre va malheureusement être arrêtée en 1943 par les nazis ; elle sera déportée et gazée, alors qu'elle était enceinte. Dans cet hymne à l'amour et à l'horreur, l'auteur la suit dans toutes les étapes de sa vie, jusqu'à l'insoutenable.
David Foenkinos nous signe ici d'une main de maître, un magnifique ouvrage sur le destin horrifique d'une jeune peintre juive allemande. L'auteur s'applique à reconstituer sa vie sous un style littéraire original, qui ne lui est pas connu, les vers libres, donnant ainsi une fraicheur et une respiration plus que nécessaires pour une histoire particulièrement dramatique. C'est un roman remarquable sur une jeune femme remarquable, dont l'auteur en serait presque tombé amoureux en l'écrivant. « Charlotte » est incontestablement l'œuvre de sa vie. « Charlotte » a reçu trois récompenses littéraires : le Prix liste Goncourt : le choix Polonais, le Prix Renaudot et également le Prix Goncourt des lycéens, qui sont bien évidemment amplement et largement mérités.

« Les mots n'ont pas toujours besoin d'une destination.
On les laisse s'arrêter aux frontières des sensations.
Errant sans tête dans l'espace du trouble.
Et c'est bien le privilège des artistes : vivre dans la confusion. »


Sur un plan plus personnel, David Foenkinos est sûrement l'auteur contemporain que j'apprécie le plus. Je crois que je ne remercierai jamais assez mon libraire de lycée de m'avoir guidé sur la route littéraire de cet auteur en 2004. Je me suis énormément construite grâce à tous ses romans.
 Il m'a été assez difficile pour moi de ne sélectionner que quelques romans de lui, mais je vous invite vivement à lire tous ses autres ouvrages. J'aime à penser qu'il est comme le bon vin ; il se fructifie avec le temps. En effet, son écriture s'améliore au fur et à mesure des années. C'est grâce à des auteurs comme lui, que je suis fière d'être libraire : fière de le défendre depuis cinq ans et demi maintenant, et particulièrement heureuse qu'il soit aussi mon ami.

[ Florian Zeller ]


Florian Zeller est un écrivain français. Il a été révélé par son premier roman « Neiges artificielles », recevant ainsi le prix de la fondation Hachette. Ce jeune écrivain fait une entrée fracassante sur les devants de la scène littéraire française. Florian Zeller est également un grand dramaturge de ce siècle. Il m'est aussi difficile pour cet auteur de sélectionner quelques ouvrages de lui, je vais donc me concentrer tout d'abord par  « Les amants du n'importe quoi », puis par « La fascination du pire », et ensuite par « La jouissance ».


« Les amants du n'importe quoi »

Florian Zeller nous livre ici l'éternelle histoire du « Fuis moi je te suis, suis mois je te fuis ». Tristan a une très haute opinion de lui-même, il se sent exceptionnel et supporte mal le fait de s'installer dans une certaine médiocrité. Pourtant, Amélie réussit à l'attendrir, mais plus elle l'adoucit et plus il lui en veut, tandis qu'elle tremble seulement à l'hypothèse d'une rupture imminente. Entre attendrissement, tromperies, jalousie, attente, dépendance, peur de l'abandon et cynisme, voici le spectacle effarant et cruel de tout ce que la passion provoque : des promesses intenables, d'instabilité sentimentale et d'impossible rupture. C'est tout ce « n'importe quoi » auquel les élans du cœur nous poussent à faire sans aucune maîtrise possible.
« Les amants du n'importe quoi » nous livre un portrait de couple typique de la nouvelle génération. Entre Tristan, aimant sa vie de célibataire et collectionnant les aventures d'un soir, et Amélie, croyant avoir trouvé le grand amour en Tristan, ce roman nous dévoile une juste réflexion sur l'humanité, sur les gens qui aiment et ceux qui se demandent ce que signifie aimer. Le style de Florian Zeller est très agréable, très fluide, avec une écriture divinement maîtrisé. Un roman moderne parfaitement réussi
.
« Au milieu d'une phrase, pourtant, il l'embrasse. Elle fait semblant d'être surprise. Par coquetterie encore une fois. Et pas indignation, pour signifier qu'on ne lui coupe pas la parole comme çà. Puis elle se détend, s'abandonne. »


« La fascination du pire »

Un jeune écrivain est invité par l'ambassade de France au Caire pour donner une conférence. Il y va un peu contraint et forcé...et rencontre un autre jeune auteur, avec lequel il va nouer une sorte de relation entre amitié et défiance. Les deux hommes discutent dans l'avion d'un ouvrage de Gustave Flaubert, qui donne directement le ton de leur voyage...une sorte de quête de plaisir dans un pays où la sensualité orientale n'est plus qu'un lointain souvenir. L'auteur tente de développer simplement des thèses diverses et variées qui vont de la place de la femme de l'Islam, à la tentation meurtrière de l'islamisme, ou encore à la sexualité masculine. Cependant, l'Islam n'est pas le seul sujet du livre, il y a aussi des personnages forts comme Martin qui prennent une place importante, parfois abjecte, arrogant, vulgaire mais cachant tout de même une véritable souffrance.
Florian Zeller nous pousse ici à réfléchir sur les fondements de la société orientale et occidentale. N'ayant pas pour but de faire polémique, ce roman est un cri d'humanisme, de liberté de pensée et d'expression pour ceux qui se font manipuler quotidiennement par divers médias. Florian Zeller nous incite à fixer la limite entre la fiction et le réel. Ce livre surprenant est parfois dérangeant mais doté d'une profonde intelligence.

« Un grand écrivain est justement celui  qui nous emmène là où nous n'avons pas envie d'aller.»


« La jouissance »

Pauline, cadre dans une grande entreprise de cosmétique, et Nicolas, scénariste de cinéma, vivent ensemble depuis deux ans. On fait leur connaissance dans la bohème d'un petit appartement étudiant du quartier de Montparnasse, on les quittera dans un appartement familial de Levallois. Deux ans, le temps d'avoir des souvenirs en commun, une vraie complicité, des références à eux. Le temps de faire un bébé, le temps de constater que l'amour s'en est allé. Le roman commence dans un lit, où Pauline et Nicolas ont encore des choses à découvrir. En faisant l'amour à Pauline, Nicolas fantasme qu'une amie commune, les a rejointe. Un peu plus loin, dans une chambre d'hôtel de l'affolante Victoria, il pense à Pauline. Dans le sexe, l'amour de Nicolas à la fois s'exaspère et se détruit. Ils souffrent et font souffrir, mais ils ne sont ni sombres, ni violents. Ils font de leur mieux ; ils ont la bonne volonté pour horizon. Leur amour s'éteindra pourtant, et c'est justement cette absence de vraie noirceur qui rend si poignant le délitement de leur passion.
« La jouissance » met en scène le quotidien d'un couple avec ses hauts et ses bas, ses joies et ses déceptions, ses rires et ses pleurs, un couple dans l'air du temps, ce qui nous rapproche inévitablement des personnages. Le rythme d'écriture est fluide, soutenu, ce qui empêche le lecteur de tomber dans un profond ennui. Florian Zeller a su une nouvelle fois démontrer son talent incontestable en nous transportant dans son univers, dans lequel il fait une critique sociale du couplé encré de politique, de philosophie avec beaucoup de simplicité et de légèreté.

« Nous êtres limités à l'esprit infini, sommes uniquement nés pour la joie et pour la souffrance. Et on pourrait presque dire que les plus éminent s'emparent de la joie par la souffrance. »

[ Romain Monnery ]



Romain Monnery est un auteur français. Il a suivi des études de langues, et ensuite a enchainé les petits boulots. Après avoir publié quelques nouvelles dans la revue Décapages, Romain Monnery a publié deux romans : « Libre, seul et assoupi » adapté au cinéma en 2014, et « Le saut du requin »


« Libre, seul et assoupi »

« Libre, seul et assoupi » trace l'histoire d'un garçon nomme Machin venant de terminer ses études de lettres, et n'a pas vraiment l'air décidé d'entrer dans la vie active Très rapidement, ses parents le mettent à la porte, excédés de le voir ne rien faire Il décide donc, par la suite de s'installer à Paris en collocation avec une de ses amies d'université et deux autres personnes C'est le point de départ d'une longue période d'errance et de doutes existentielles ; entres stages dévalorisants et périodes de résignations, sans ambition et sans soutien Ne rien faire, partir de rien pour aller nulle part. Il reste enfermé dans cet appartement des journées entières à se reposer sous ses lauriers. Exaspéré de tous ses stages, Machin se renferme encore plus sur lui-même. S'enfermant dans un quotidien, qui ne tient qu'à lire et regarder des films, il a conclu que le travail était fait pour les autres mais certainement pas pour lui. Machin va vite être rattrapé par les réalités de la vie, pour se nourrir et être indépendant comme on dit. Mais son caractère ne changera pas, il restera toujours sur sa planète sur laquelle personne ne peut lui dicter sa conduite ; cette planète sur laquelle il pourra vivre libre, seul et assoupi.
Romain Monnery nous fait regarder le monde avec une distance émouvante et drôle à la fois. L'auteur a décidé de nous faire voyager à travers un personnage qui décide d'aller à son rythme, sans aucune précipitation, moins vite que le reste de la société qui s'est inscrit dans un système déjà tout tracé. Dans  ce premier roman, l'auteur s'amuse à naviguer entre fiction et réalité. Il nous fait découvrir avec un humour et un cynisme plein de finesse les désillusions d'une génération désabusée et déchirée. L'auteur papillonne entre la volonté de bien faire et les joies incontestables de la nonchalance et de l'oisiveté

 « Et puis, il vivait dans un livre, lui. Gagnant sa vie en chapitres, il n'était pas soumis aux contingences matérielles. Il ne connaissait pas de problèmes d'horaires. Je l'enviais. Plus que jamais, j'aurais voulu être le héros d'un roman, rien que pour sauter ces pages de mon histoire qui me semblaient superflues. »


« Le saut du requin »

Le saut du requin c'est le moment fatidique où une série télé bascule dans le n'importe quoi. En tout cas, le roman de Romain Monnery parle d'une histoire d'amour  en queue de poisson entre Méline et Ziggy, qui se sont rencontrés sur Internet. Méline travaille dans la communication et Ziggy se prétend artiste et se considère comme génial. Il se nourrit de l'admiration constante de Méline, qu'il traite par-dessus la jambe. Mais les choses s'inversent quand la fade Méline décide de se laisser désirer. D'errance en erreurs, l'amour ne peut que se « casser la gueule ».
Romain Monnery trace le portrait d'amoureux solitaires volontairement caricaturaux ; il offre une vision sociologique sur l'art d'aimer par le biais d'Internet. « Le saut du requin » est un petit livre drôle, la grossièreté du personnage est hallucinante et criante de vérité. Il n'y a pas de happy-end dans ce roman, mais une fin comme dans la vraie vie. J'ai encore une fois aimé le style de l'auteur comme pour son premier roman « Libre, seul et assoupi ». Le style est simple, fluide, mais très bien écrit. Les chapitres sont courts, ce livre est un roman rafraichissant sans prétention traité avec beaucoup d'humour, et qui nous permet de passer un excellent moment.

« Le meilleur moyen de pourrir une relation, c'est de commence à se soucier de ce que pense l'autre. Qu'on soit bien d'accord là-dessus : pas de çà entre nous. »

[ Cécile Harel ]



Cécile Harel est une auteure d'une quarantaine d'années. Elle est la première auteure française a être publiée aux éditions des Escales. « En attendant que les beaux jours reviennent » est son premier roman.


« En attendant que les beaux jours reviennent »

La protagoniste, Marie, est une femme âgée de 40 ans , qui se rend un soir à un diner chez des amis, et rencontre l'homme de sa vie. Cet homme est différent des autres hommes : un peu décalé, éteint, renfermé, semblant être le parfait opposé de Marie, qui va lui raconter petit à petit son passé. Nous découvrons dans ce récit petit à petit la fragilité de Marie, qui tente malgré tout de garder un équilibre, tandis que ses parents et ses trois frères ont sombré. Entre la schizophrénie de son frère, les rendez-vous manqués de son père, le décès de sa mère, Marie tente tout de même de donner un sens à son existence. Tout devient pesant, lourd, sans issue, les relations familiales s'effritent au fur et à mesure des pages. Aussi bien cruel qu'émouvant, Marie nous livre ici son portrait d'une femme à la quête d'amour, des siens, mais tout d'abord à la recherche d'elle-même.
Cécile Harel nous livre ici, dans son premier roman, un récit poignant tout en finesse teinté d'émotion subtile, d'humour et de pudeur, ce qui rend le récit encore plus bouleversant. Toute la force du roman tient dans l'écriture parfaitement maitrisée, qui semble être spontanée, touchant ainsi le lecteur en plein cœur. Ce roman ressemble à un véritable témoignage criant de naturel et de sincérité. Un roman qui dévoile un portrait de femme bouleversant, qui va réussir à transformer cette fragilité en véritable force : un véritable succès.

« Le rien. L'attente. Le non-espoir. Le temps suspendu. Je veux retarder le moment de la fin. Je lui demande de respirer encore une fois. Pour moi. Pour nous. Pour la vie. »

[ Laetitia Milot ]



Laetitia Milot  est une mannequin et actrice de Plus belle la vie. « On se retrouvera » est son premier roman qui a été adapté en téléfilm ; elle a également publié un autre ouvrage à portée autobiographique en 2010 « Je voulais te dire ». Pourquoi j'ai eu envie de lire ce livre ? Mais oui, après tout pourquoi ? Beaucoup m'ont posé la question, et je reconnais que je me la suis également posée à plusieurs reprises. Question à laquelle je répondrais tout simplement par la curiosité. J'ai tout simplement voulu comprendre ce qui pouvait motiver une actrice de séries à succès à vouloir écrire.


« On se retrouvera »

« On se retrouvera » retrace la vie d'une jeune femme, qui est en quête de vengeance. Margot travaille dans une boutique de prêt-à-porter par correspondance avec une de ses amies, Alice. Christiane, sa mère, est atteinte d'un cancer incurable. Sur son lit de mort, elle va lui raconter qu'elle a subi un viol collectif, et Margot par conséquent est le fruit de cette atrocité. Dès ce moment, Margot assoiffée de vengeance et de justice, va tout mettre en œuvre pour retrouver les coupables, dont son père. Elle consulte les archives des journaux locaux, qui va la conduire vers la journaliste qui a suivi l'affaire. Ensuite, elle retrouvera les gendarmes qui se sont occupés de ce dossier. Cette quête bouleversera sa vie ; elle naviguera d'indices en indices pour retrouver chaque coupable, et sur son chemin elle rencontrera l'amour.
Ce roman a été une très grande agréable surprise pour ma part. Je m'attendais à lire un roman pas très bien ficelé, sans véritable création littéraire ni de trame d'histoire, mais j'ai vraiment pris beaucoup de plaisir à le lire. Les dialogues sont véritablement bien construits, ce qui rend le fil du récit véridique et efficace ; chose assez surprenante pour un premier roman. La vivacité du récit fait que je n'ai pas réussi à me détacher du roman jusqu'à la fin ; nous sommes, dès les premiers paragraphes, embarqués dans cette histoire captivante. En résumé, ce premier roman est efficace et très réussi. Le lecteur ressent de suite la passion avec laquelle a été écrit le récit, et le combat important de l'auteure contre les violences faîtes aux femmes.

« On ne peut comprendre la vie qu'en regardant en arrière, on ne peut la vivre qu'en regardant en avant. »

[ Fernando Marias ]



Fernando Marias est un auteur espagnol ayant étudier le cinéma à Madrid. Ses débuts littéraires commencent  par l'écriture de scénarios de séries télévisées. Seuls trois romans de Fernando Maroas ont été traduits en France. Il a reçu le prestigieux prix littéraire Nadal pour son roman « L'enfant des colonels ». « Je vais mourir cette nuit » est le premier roman traduit en France.


« Je vais mourir cette nuit »

Corman, un hors-la-loi de haut vol, est arrêté par le commissaire Delmar et emprisonné pour vingt ans. Refusant, cette privation de liberté, Cornan va fabriquer une vengeance terrible puis se suicider. Toute la vie de Delmar est dès lors pilotée par le plan machiavélique de Corman : accident, déchéance, drogue, solitude, tout est parfaitement orchestré et joué par des acteurs grassement rémunérés. Le plan se déroule sous nos yeux : 16 ans après le suicide de Corman, on remet un manuscrit écrt par celui-ci juste avant de se donner la mort. Il comprend alors avec effroi que le cauchemar et les épreuves qu'il vit depuis 16 ans ne sont pas le fruit du hasard, mais celui de l'esprit de Corman.
La vengeance est un plat qui se mange froid, dans « Je vais mourir cette nuit », elle est glaciale et atteint un paroxysme presque désagréable, qui retourne l'estomac. Fernando Marias y distille très habilement suspsense, horreur et angoisse. Dans une langue à haut débit, outrancière et hallucinée, l'espagnol Fernando Marias invente un monologue diabolique : âmes sensibles s'abstenir, un véritable succès.

« Je me suis suicidé il y a seize ans »

[ Keith Ridgway ]



Keith Ridgway est un écrivain irlandais. Après avoir fait ses études et ses débuts en littérature à Dublin, il s'installe à Londres. Il a publié quatre romans. « Mauvaise pente » a reçu le prix Fémina étranger en 2001, et a inspiré Martin Provost pour son film « Où va la nuit ».


« Mauvaise pente »

La protagoniste, Grace, a assassiné son mari alcoolique, qui la battait quotidiennement. Un soir, par une nuit glaciale, elle l'a écrasé sur une petite route de campagne, alors qu'il rentrait à pied à la maison. Des années auparavant, Grace a perdu son fil Sean, mort noyé dans une rivière pendant qu'elle étendait son linge, alors qu'elle se trouvait juste à quelques mètres de lui. Quelques temps plus tard, elle a aussi vu son deuxième fils, Martin, partir pour Dublin, juste après s'être fait battre par son père, lorsque Martin a appris à ses parents son homosexualité. Après l'enterrement de son défunt mari, Grace s'installe chez son fils. Mais un jour, elle va avouer à un journaliste qu'elle est la meurtrière de son mari. Lorsque Martin l'apprend, il va de suite la dénoncer aux autorités.
Ce roman est d'une force et d'une sobriété déconcertantes à la fois. Il n'y a aucune faute de goût dans cet ouvrage retraçant le portrait d'une femme en chute libre, née en femme victime rongée par la culpabilité et les remords. L'atmosphère irlandaise de Dublin est permanente dans ce roman : cette ville sous la pluie et le vent, de ses rues sombres et froides ; cette atmosphère ne fait que renforcer la dureté et la noirceur de cet ouvrage. « Mauvaise pente » parle de la solitude, de la révolte, de la résignation, de la misère du cœur, et de la défaite évidente. Ce roman est un ouvrage du désastre terrible, d'un impossible pardon, qui vous marquera au plus profond de vous-même.

« Elle avait tué, elle avait fait cela, elle avait accroché ce mot autour de son cou et il l'entraînait inexorablement vers le bas. »

[ Eric Fottorino ]



Eric Fottorino est un journaliste et écrivain français. Il suit des études de droit, puis entre à l'Institut d'études politiques de Paris.  Eric Fottorino débarque sur la scène litéraire française en 1988. Ayant reçu plusieurs prix littéraires, « L'homme qui m'aimait tout bas » est son dix-neuvième ouvrage.


« L'homme qui m'aimait tout bas »

L'auteur nous livre ici un hommage émouvant à son père adoptif. Eric Fottorino nous raconte sa vie avec celle de son père, qui a décidé de mettre fin à ses jours à 70 ans. Dans cet ouvrage, il revient sur son enfance. Il entreprend le portrait d'un homme qui lui a tout donné : son amour, son éducation, son histoire et son nom.L'auteur nous relate des moments émouvants de son enfance, et réussit à faire un parallèle entre sa vie d'enfant et celle d'adulte, se demandant comment on père a-t-il pu en arriver là : sa faillite personnelle ou sa difficulté à se remettre de son accident vasculaire, ou autre ?
« L'homme qui m'aimait tout bas » est un récit poignant et bouleversant d'amour entre un père et son fils, qui n'ont jamais réussi à se dire tout l'attachement qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre ; cet ouvrage est un cri d'amour. Ce récit d'une émouvante légèreté et d'une tendre fragilité séduira le lecteur avec un rapport de complicité tout en nuances entre le père et le fils ; un véritable hymne à l'émotion.

« Mon père a été. Le temps est passé et il a passé vite. Le passé est imparfait, il souligne ce qui n'est plus et ne sera plus jamais. Que fait ton père ? Où habite ton père ? Il ne le fait plus, il faisait Il n'est plus, il était Il n'habite plus, c'était un homme et il n'est que cendres »

[ Bruno Tessaresch ]



Bruno Tessaresch est un écrivain français. Après avoir étudié les sciences humaines, il devient professeur de philosophie, engagé dans des réformes pédagogiques, avant de se consacrer entièrement à l'écriture. Bruno Tessaresch a écrit dix romans.


« Les sentinelles » 

Le roman « Les sentinelles » fait se rencontrer les personnages historiques avec Patrice Orvieto. Parmi les personnages se trouvent les sentinelles, ces héros oubliés de l'Histoire, qui essaient à tout prix d'alerter l'opinion publique occidentale sur les atrocités commises par les nazis. Parallèlement à cela, Hitler travaille sur ce qu'on appellera plus tard la solution finale avec l'aide d'Eichmann et de Werner von Braum. L'histoire débute en 1938 à Evian, lorsqu'aucune des forces alliées ne souhaite s'intéresser au sort juif et tenter de trouver des solutions pour éviter un potentiel génocide. Puis ensuite, on assiste aux différents discours rapportés à Churchill, Roosevelt et De Gaulle face à cette vérité qu'ils ne veulent et ne peuvent pas croire.
L'auteur nous explique avec simplicité et subtilité que les dirigeants de l'Occident ne pouvaient dignement ignorer ce qui se passer en Allemagne ; et ignorer de ce fait l'existence du plus grand génocide de l'Histoire, puisque ces sentinelles tentaient tant bien que mal de faire exploser la vérité. « Les sentinelles » peut faire écho à la lecture de « Jan Karski » par Yannick Haenel.  Cet ouvrage est un très grand roman, intéressant et poignant  ... à ne surtout pas oublier.

« Vous, les intellectuels français, vous êtes incompréhensibles. Sérieux et cérémonieux tout le temps, et pour quel résultat ? Pétain et Laval. »

[ Brünhilde Jouannic ]


Brünhilde Jouannic est une écrivaine et historienne française, elle collabore  à de nombreux films et documentaires pour la télévision. Elle est l'auteure d' « Objectif Versailles » et « Les secrets et mystères de Versailles ». Son premier roman adulte « Shakespeare c'est moi » est paru en 2011 aux éditions Max Milo.

« Shakespeare c'est moi » 

La littérature est parfois faite de légendes, de mystères inexpliqués, et de perpétuelles questions sans réponses. La vie d'Edward de Vere, dix-septième comte d'Oxford, fait partie de ses mystères qui font les grands intellectuels et élitistes. Ce comte d'Oxford a grandi dans le proche entourage de la reine et serait le véritable auteur des pièces de William Shakespeare. «Shakespeare c'est moi » raconte son histoire. Plus qu'une leçon d'histoire, l'auteure nous offre un beau portrait d'homme. Le personnage d'Edward de Vere est très complexe : assassin, paillard, libertin, effronté, ruiné, malsain, délaissant sa femme légitime pour de multiples aventures avec des hommes et des femmes, il en demeure toutefois très sympathique.
« Shakespeare c'est moi » est un premier roman très pertinent, dont l'écriture est remarquablement maîtrisée. Brünhilde Jouannic signe un roman saisissant sur les véritables identités de William Shakespeare et d'Edward de Vere. Cet ouvrage n'est pas un livre historique ; rien n'a été prouvé jusqu'ici. Tout n'est qu'hypothèse, libre à vous de décider s'il s'agit d'une affabulation ou de la véracité.

« Je n'avais plus rien à craindre de la justice des hommes, il ne me restait certainement plus que quelques jours à vivre. Je ne pouvais pas partir en laissant derrière moi ces années de travail, les fruits de mon talent. »

[ Guillemette le Vallon de la Ménodière ]


Guillemette le Vallon de la Ménodière est fille d'aristocrate ; « J'aurais préféré m'appeler Dupont » est son premier roman.


« J'aurais préféré m'appeler Dupont »

Guillemette, le personnage principal de ce roman, n'a qu'une envie vivre une autre vie, mais surtout dans une autre famille, loin de tout ce qu'elle déteste ; tout ce qui l'oppresse et l'étouffe plus qu'il n'est possible et tolérable. En effet, elle aimerait tellement avoir une famille normale, comme tout le monde. Elle aimerait pouvoir apprendre des chorégraphies sur les musiques de Claude François, avoir une mère coquette, habiter un simple appartement, manger dans des fast-foods, et arrêter de vouvoyer ses parents. Mais il n'en est rien. Guillemette n'a rien d'une petite fille ordinaire ; elle est fille d'aristocrate. Marre de toutes ces accoutumances et bonnes manières inutiles et ridicules, elle décide donc de fuguer. Nous allons, au cours de ce roman, partir à l'aventure avec l'auteure et son lot d'anecdotes.
Cet ouvrage est construit comme un journal d'enfant ; c'est d'ailleurs ce qui va donner au roman toute sa fraicheur et sa spontanéité. Le récit est drôle, émouvant et rafraichissant. Toutes les anecdotes racontées par l'auteur émeut le lectorat et donne inévitablement matière à réfléchir sur la complexité des rapports entre parents et enfants. Ce roman fait écho et fait lointainement penser à « L'élégance du hérisson » de Muriel Barbery.  « J'aurais préféré m'appeler Dupont » se déguste comme un bonbon plein de douceur et de saveur rempli de bonheur.

« Mon problème, c'est que j'aime tout, j'adore tout, j'aime qu'on m'aime, je suis en manque de tout. Dans ma famille, on est quatre filles. C'est pas compliqué, on divise tout par quatre, même l'amour de nos parents qui, par-dessus le marché, n'adorent que Dieu. »

[ Yannick Haenel ]



Yannick Haenel est un écrivain et essayiste français ; il codirige la revue Ligne de risque. Il a écrit une dizaine d'ouvrages. En 2010, l'écrivain est décoré par la légion d'honneur, devenant donc chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres. « Jan Karski » est son cinquième roman, pour lequel il sera récompensé à deux reprise ; le Prix Interallié et le Prix Fnac.


« Jan Karski »

« Jan Karski » est un roman, et non pas un témoignage. Lorsque Karski entre dans le ghetto pour être celui qui a  vu et donc pourra témoigner de cette vision ; il en devient immédiatement le messager. Articulé en trois grands chapitres, on découvre tout d'abord le témoignage de Jan Karski face à la caméra de Claude Lanzmann dans son film Shoah, puis c'est le résumé du livre qu'il a publié en 1944 « Histoire d'un Etat secret », puis enfin en troisième partie l'auteur prend la parole au nom de Jan Karski retraçant son itinéraire de courrier de l'Armée de l'intérieur polonaise son parcours dans la résistance et son combat pour faire entendre sa voix auprès des grands de ce monde pour sauver les Juifs polonais.
Au-delà des polémiques qu'a pu susciter ce livre, celui-ci a pour moi de nombreuses vertus. Nous découvrons l'existence importante de la résistance polonaise durant la seconde guerre mondiale, qui n'a accepté aucun compromis et qui a été la plus précoce à se mettre en route en Europe. Nous avons ici un « roman » qui pose forcément la question sur « Et moi, qu'est-ce que j'aurais-fait ? » Ce livre de Yannick Haenel est un livre utile, au même titre à mon goût que « Si c'est un homme » de Primo Lévi. Il nous appartient à tous de savoir que ce message existera et circulera à travers les personnes, à travers les cultures, à travers le monde. Ce livre nous démontre bel et bien que la mémoire est importante, que rien ne doit être oublié, que c'est en ignorant l'Histoire que l'Histoire se reproduit. Il est important de souligner que l'humanité sait elle-même nier sa propre existence et porter en elle ce silence égoïste, ce mutisme complice, dont elle a beau se mordre les doigts par la suite ; cet ouvrage est un hymne à la réflexion .

« J'ignorais à l'époque que le meilleur moyen de faire taire quelqu'un est de le laisser parler. »

[ Yann Moix ]


Yann Moix est un auteur et réalisateur français. Il a écrit douze romans, dont « Jubilations vers le ciel », qui a reçu le Prix Goncourt du premier roman en 1996, et « Naissance », qui a reçu le Prix Renaudot en 2013.

« Naissance »

« Naissance » est impossible à résumer tant par ses 1183 pages que par sa complexité, je vais juste me résoudre à vous exposer la quatrième de couverture. La naissance ne saurait être biologique : on choisit toujours ses parents. Naître, c'est semer ses géniteurs. Non pas tuer le père, mais tuer en nous le fils. Laisser son sang derrière, s'affranchir de ses gènes. Chercher, trouver d'autres parents : spirituels. Ce qui compte, ce n'est pas la mise au monde, mais la mise en monde. Naître biologiquement, c'est à la portée du premier chiot venu, des grenouilles, des mulots, des huitres. Naître spirituellement, naître à soi-même, se despermatozoider, c'est la portée de ceux-là seuls qui préfèrent les orphelins aux fils de famille, les adoptés aux programmés, les fugueurs aux successeurs, les déviances aux descendances. Toute naissance est devant soi. C'est la mort qui est derrière. Les parents nous ont donné la vie ? A nous de la leur reprendre. Le plus tôt possible.
J'ai longtemps hésité à entreprendre la lecture de ce livre-monstre, considération mon estime plus que basse pour l'auteur. Je dois avouer, que j'ai été agréablement surprise par sa maîtrise quasi-parfaite de l'écriture. J'aime sa narration, ses courtes phrases, le rythme qu'il impose, sa façon  de s'adresser au lecteur. Ce roman est complètement différent et original, c'est un concentré de démesure, cela nous change des romans bien lisse ; j'ai adoré ce spectacle littéraire burlesque. Yann Moix a choisi l'humour pour régler ses comptes avec son enfance orléanaise. Quel bonheur de se plonger dans ce roman, où notre imagination se laisse vagabonder. Un vrai petit bijou de création littéraire et de stimulation intellectuelle. Je déteste toujours autant l'auteur, voire même un peu plus, mais je pense qu'il faut savoir différencier l'auteur de l'ouvrage. Ce roman vaut la peine d'être lu, et ne soyez pas effrayés par le nombre de pages, il se lit très facilement.

« Le monde est là pour multiplier le monde. C'est la quantité qui compte. Pourvu que ça naisse. La foule fournit sans cesse plus de foule. On naît au carré. »

[ Nicolas Rey ]


Nicolas Rey est un auteur et chroniqueur français. Il commence aux côtés de Franz-Olivier Giesbert dans l'émission Culture Dépendance. Il devient par la suite chroniqueur : comme par exemple dans l'émission En aparté sur Canal +, dans l'émission Starmag sur TPS Star, ou encore dans Touche pas à mon poste. Il participe également à la réédition de la revue « Lui » relancée par Fréderic Beigbeder. A l'exception d'un seul roman publié chez Grasset, l'intégralité de ses ouvrages est éditée aux éditions Au Diable Vauvert.  Nicolas Rey a écrit sept romans, dont « Mémoire courte » obtient le Prix de Flore en 2000 et un court-métrage « La Femme de Rio », pour lequel il est couronné du César du meilleur court-métrage aux César 2015.


« Courir à trente ans »

Nicolas Rey signe ici un roman dans l'heure de temps sur l'amour des temps modernes. « Courir à trente ans » est un roman parlant de quatre trentenaires courants après leur jeunesse, qui commence à s'effriter. Certains courent après les femmes et les multiples conquêtes, d'autres fuient l'engagement de couple pour tenter de s'échapper d'une certaine routine qui les guette, sans trop savoir où ils vont. Désabusés par leurs déboires amoureux, ces quatre trentenaires vont s'interroger sur l'existence de la vie, sur le couple, la fidélité, les enfants, l'amitié : toutes ces choses qui font la richesse de la vie. Suite à cela, les quatre personnages vont être amenés à se séparer, changer de vie ...
 Dans ce roman, Nicolas Rey nous plonge avec humour dans une comédie moderne, dans laquelle il dépeint avec une grande finesse et subtilité une génération d'hommes en quête d'identité. L'écrivain décrit dans ce roman une mini-analyse sociale sur l'amour et ses risques, réunissant ainsi toutes les générations courant tous vers la même utopie.

« Elle avait un caractère de chien et fabriquait un drame toutes les deux heures. C'était le genre de fille pour laquelle on faisait, le sourire aux lèvres, d'affreuses erreurs. »


« Un léger passage à vide »

Ce roman parle de la vie désabusé d'un futur père, dépassé par sa propre vie de drogué et alcoolique. Nicolas Rey nous dépeint un moment difficile, très difficile même dans la vie d'un homme rongé et meurtri par une vie alcoolisée et saupoudrée, uniquement nourrie d'excès. La femme du protagoniste va le quitter, mais va devenir père, et décide donc d'entamer une cure de désintoxication pour retrouver son fils, mais aussi pour se retrouver lui-même, ce qui signifie ne plus jamais boire de sa vie pour ne jamais retomber.
Nicolas Rey nous livre ici un roman intimiste, sincère, d'inspiration autobiographique. L'écriture de l'auteur est légère, moderne et réaliste, sans tomber dans les stéréotypes d'une narration facile de l'enfer quotidien qui en découle. Nicolas Rey nous plonge dans cet ouvrage dans son combat sur la vie, dans son combat pour survivre.

« C'est quand même étrange cette manie que nous avons tous de vouloir rompre en douceur, alors que rien n'est plus violent qu'une rupture qui se déroule en douceur »


Je suis une inconditionnelle  de Nicolas Rey depuis bien des années. Je ne saurais vous dire quel est le meilleur ou le moins bon roman de lui, je vous invite donc à les lire. Je pense qu'il ne peut pas y avoir un juste milieu dans l'appréciation de ses romans : soit on va adorer soir détester. Bien souvent comparé à Fréderic Beigbeder, le style d'écriture est bien différent, beaucoup plus rythmé avec une narration beaucoup plus jeune, plus subtile et moins provocante.


[ Régis de Sa Moreira ]



 
Régis de Sa Moreira  est un écrivain français ; il a écrit cinq romans et est exclusivement édité aux éditions Au Diable Vauvert. Son roman « Mari et Femme » est en cours d'adaptation cinématographique, et son dernier ouvrage « La vie » a été adapté au théâtre.
 
 
« Le libraire »
 
Régis de Sa Moreira évoque, avec une grande subtilité, dans son livre le quotidien d'une profession avec un humour non dissimulé. Le protagoniste, n'ayant pas de nom, est un libraire très singulier travaillant jour et nuit sept jours sur sept, refusant de vendre ce qu'il n'aime pas, se nourrissant exclusivement de thé et de livres. L'auteur décrit avec précision les différents clients auxquels est confronté le libraire. Chaque rencontre est courte, furtive, insaisissable, comme si l'écrivain désirait conserver les bribes de vie, pour en savourer chaque instant.
L'écriture de Régis de Sa Moreira est rythmée, redondante, d'une musicalité inouïe. Elle hypnotise le lecteur à chaque page jusqu'à la fin du roman.  Certains passages sont très drôles et mystiques. Et je dois bien avouer, qu'en tant que libraire, il m'a fait profondément rire. Pour tous les amateurs d'histoires décalées et fantaisistes, n'hésitez pas à lire cet ouvrage singulier de cet auteur que j'adore.
 
« Pour tout dire, lorsque le libraire lisait un livre, il avait le sentiment d'être aimé »
 
 
« Mari et femme »
 
C'est l'histoire d'un homme et d'une femme vivant ensemble, mais font chambre à part, qui vont bientôt se séparer. Lorsque les deux personnages se réveillent, l'homme se rend compte que son esprit est dans le corps de sa femme, et que l'esprit de sa femme est dans son propre corps. Et c'est à partir de ce moment là, que le couple va commencer à se redécouvrir.
Tout le talent de Régis de Sa Moreira est de nous plonger dans une histoire loufoque et complètement surréaliste tout en conservant une certaine logique et un recul nécessaire et suffisant. Régis de Sa Moreira nous livre dans ce roman rempli de douceur et de poésie une jolie petite fable drôle et brillante, comme à son habitude. Laissez-vous tenter par ce roman délicieux au moins par curiosité.
 
« Tu as beau lui dire que votre dernière année ressemblait plus au calme plat qu'à la tempête, elle persiste à t'expliquer que le mariage est un bateau dont il est idiot de sauter une fois qu'on est en mer, et qu'il est encore plus idiot de couler alors qu'on est à bord . »

[ Pierre Szalowski ]


Pierre Szalowski est un écrivain québécois, né à Paris et vit désormais à Montréal. Avant de devenir écrivain, il était photographe de presse, journaliste, ... Pierre Szalowski a écrit deux romans « Le foid modifie la trajectoire des poissons » traduit à travers le monde, et « Mais qu'est-ce que tu fais là tout seul ? »
 
 
« Le froid modifie la trajectoire des poissons. »
 
Le 4 janvier 1998, un petit garçon apprend que ses parents sont en train de se séparer. Sans aucun recours, il demande au ciel de lui venir en aide. Le lendemain, le Québec est plongé dans une terrible tempête de verglas. La glace, en plus d'endommager la nature, détruit la majorité du réseau d'électricité. Un grand nombre de personnes vont devoir être évacuées de leur domicile afin d'être relogées provisoirement dans des centres d'hébergement pour assurer leur sécurité. Des évènements incroyables vont venir basculer la vie des personnages du roman. Tout d'abord Julie, danseuse en mal d'amour, accueille chez elle Boris, scientifique imbu de lui-même qui ne vit que pour ses expériences sur les poissons ; Michel et Simon, les deux « frères » que l'on ne voit jamais ensemble ouvrent leur porte à Alexis, leur voisin homophobe. Cette catastrophe naturelle va bouleverser le quotidien de chacun, les incitant de ce fait à l'entraide, à la solidarité. Le héros de ce livre ne comprend pas trop ce qu'il se passe, jusqu'à ce que son père, victime d'une mauvaise chute causée par la glace, va réintégrer le toit familial. Le verglas va au fur et à mesure changer la vie de tous ses personnages pour le meilleur.
 Pierre Szalowski nous embaume le cœur dans ce premier roman, dont l'écriture est fluide, fraîche et les dialogues attendrissants. Les personnages sont criants de vérité et de naturel. « Le froid modifie la trajectoire des poissons » est un roman rempli d'espoir et de chaleur, qui nous révèle une face cachée de l'humanité des plus rafraichissantes. C'est un véritable conte à conseiller en période de froid ... mais pas que, une vraie réussite.
 
« C'est très intellectuel de prendre les autres pour des cons. »
 
 
« Mais qu'est-ce que tu fais là tout seul ? »
 
Ce roman narre le récit de Noël de Martin Ladouceur, joueur de hockey professionnel. Martin Ladouceur ne dévoile aucun trait de caractère attachant, bien au contraire ; ce joueur de hockey est un célibataire endurci profitant exclusivement des joies de la chair .... Et pourtant. Martin Ladouceur s'apprête donc à passer le pire réveillon de sa vie pour seule compagnie une femme de chambre timide, un concierge et un groom débutant. En voulant renouer avec son passé, il va se retrouver  confronté à l'une de ses plus grandes craintes : prendre en charge un  enfant. Cependant, par le plus grand des hasards, un petit garçon va lui offrir le plus beau des cadeaux de Noël, et comme par magie Martin Ladouceur va redécouvrir les joies les plus simples de la vie. Ce petit garçon va réussir à faire exploser l'arrogance du protagoniste. Ce cadeau inattendu va lui révéler des sentiments inconnus ou oubliés depuis bien longtemps.
Pierre Szalowski nous offre dans son deuxième roman une nouvelle petite philosophie du bonheur. « Mais qu'est-ce que tu fais là tout seul ? » est un véritable conte de  Noël plein d'humour et de tendresse. On retrouve dans ce roman la magie de l'enfance qui parvient à faire grandir les adultes. Ce deuxième roman est un véritable hymne à l'espoir.
 
« Les douleurs les plus grandes sont souvent les plus sourdes. On n'a pas la force d'hurler. On encaisse en dedans. »