Il n'y a pas de petite ou de grande littérature. Toute littérature est un cri du cœur. Je suis libraire depuis cinq ans et demi, et je suis la première à m'offusquer contre ces libraires pseudos-élitistes, qui considèrent que les livres commerciaux ne font pas partie de la littérature. Je ne vois pas en quoi lire du Guillaume Musso ou du Marc Lévy devrait être considéré comme honteux ; il ne faut pas oublier que c'est cette littérature qui fait vivre les librairies, et donc les libraires. Après, je n'aime toujours pas Guillaume Musso, Marc Levy oú je ne sais qui d'autre encore, je trouve toujours cette litterature facile, sans grande ingéniosité littéraire , ni de prise de risque, elle est égale à elle-même : banale. Et, entre nous, je ne suis personne pour m'octroyer le droit de définir ce qui est bon ou mauvais, ou ce qui doit être considéré comme littérature ou non. Un bon livre est un livre dont on ne compte pas le nombre de pages qui nous restent encore à lire. Ne pas aimer ne signifie pas être mauvais.
Je vous présente tous mes coups de cœur depuis mes débuts dans ce métier.

« La littérature ne permet pas de marcher, mais elle permet de respirer. » Roland Barthes

[ David Foenkinos ]


Je ne pouvais décemment, commencer ce blog sans commencer par l'auteur qui a le plus bouleversé ma vie à travers ses écrits.

Romancier depuis 2001, David Foenkinos a écrit seize romans, une pièce de théâtre, et a collaboré à quelques ouvrages collectifs. Deux de ses romans ont été adapté au cinéma : La délicatesse en 2011, et Les souvenirs en 2014. Il est une figure emblématique de la littérature française contemporaine, ayant reçu de nombreuses distinctions pour plusieurs de ses romans notamment le prix Renaudot et le Goncourt lycéen pour son ultime roman en 2014. David Foenkinos est traduit dans quarante langues.
Ayant lu l'intégralité de l'œuvre de David Foenkinos, il m'est assez difficile de ne sélectionner que quelques romans, néanmoins je vais vous parler tout d'abord de « Nos séparations », puis « Les souvenirs », et évidemment « Charlotte ».


« Nos séparations »

David Foenkinos nous invite dans ce roman à suivre les aventures amoureuses entre Fritz et Alice, deux personnes que tout oppose, mais qui malgré tout s'aiment passionnément. Assez rapidement, a lieu la séparation tant redoutée suite à un diner chez les parents d'Alice, causée par une impossible entente entre Fritz et sa belle-famille. Arrive une nouvelle femme, Céline, dans la vie du protagoniste, jusqu'au retour inespéré d'Alice, qu'il va perdre la veille de leur mariage. « Nos séparations » est donc l'histoire de ses ruptures incessantes entre Fritz et Alice, de leurs retrouvailles intenses, mais aussi de leurs séparations qui ne sont pas sans douleur.
Ce livre est un petit bijou romantique comme on adore les aimer. Il est vrai que l'on passe par tous les clichés d'une histoire d'amour basique : le coup de foudre, la demande en mariage, la maîtresse, les engueulades, les séparations, les retrouvailles. Malgré tous les clichés apparents, ce livre n'est pas du tout un roman à l'eau de rose comme on peut y être habitué, bien au contraire. David Foenkinos s'amuse à jouer avec tous ses clichés avec la plus grande finesse et subtilité possible d'une manière assez extraordinaire et surprenante. Cependant, tout n'est pas que légèreté dans ce roman : la rupture y est largement abordée. C'est là que réside tout le talent et le génie de David Foenkinos : parler des choses dures et compliquées de la vie avec un humour certain et recherché.

 « Je devais vivre mon bonheur avec un compte à rebours du malheur dans le cœur. »


« Les souvenirs. »

Le narrateur de ce roman, apprenti-romancier, prend conscience tardivement au décès de son grand-père de tous ses moments manqués avec lui, et de tout ce qu'il n'a pas pu partager avec. Il comprend donc, que le meilleur moyen de le garder vivant est de faire perdurer sa mémoire et leurs souvenirs ensemble. Parallèlement à ce drame, sa grand-mère commence à être atteinte d'Alzheimer ; le narrateur assiste donc à son installation dans une maison de retraite. Il décide donc de vivre avec elle tous les moments qu'il n'a pas pu vivre avec son grand-père : il va la voir très souvent, réussit à lui faire oublier sa solitude. Malheureusement, quand la grand-mère va apprendre que son appartement a été mis en vente à son insu, elle décide de fuguer. Le narrateur va tout mettre en œuvre pour tenter de la retrouver et lui faire vivre ses derniers instants de bonheur et d'insouciance. Parallèlement, le destin lui fait rencontrer Louise qu'il va aimer, et qui le quittera. Toute cette panoplie de souvenirs : la douleur, la mélancolie, la joie, le rire et les pleurs vont lui offrir la possibilité d'écrire son roman, et de faire de son rêve une réalité. Tous ses souvenirs vont lui permettre d'écrire son propre avenir.
David Foenkinos nous livre ici une réflexion très tendre et sensible sur le temps qui passe et la mémoire des défunts. Tous les sentiments de déception, de tristesse, d'amour, de solitude, ou encore de vieillissement sont exprimés avec une grande délicatesse et l'humour certain, qu'on lui connait. C'est un roman touchant qui parle de la mort, de la douleur de voir partir les siens, mais il parle aussi de la vie, de ce combat sur la vie avec son lot de joies et d'amour. « Les souvenirs » est un magnifique roman nous renvoyant bien souvent à nos propres déchirures, nos propres souvenirs, qui nous fait vibrer et pour certains passages qui nous amènent même  à pleurer.

« Je voulais dire à mon grand-père que je l'aimais, mais je n'y suis pas parvenu. J'ai si souvent été en retard sur les mots que j'aurais voulu dire. Je ne pourrai jamais faire marche arrière vers cette tendresse. Sauf peut-être avec l'écrit, maintenant. Je peux le lui dire là. »



«  Charlotte »

David Foenkinos nous signe ici un magnifique hommage à Charlotte Salomon, injustement oubliée. Nous allons suivre donc le destin de cette jeune femme au lourd passé familial ; on pourrait  dire que sa famille semble être maudite, bien avant l'arrivée des nazis. Charlotte Salomon est une jeune femme, qui intègre les Beaux-Arts de Berlin, lit l'œuvre complète de Nietzsche et également celle de Goethe. Par la suite, elle tombe amoureuse du professeur de chant de sa belle-mère. En janvier 1933, les nazis arrivent au pouvoir, et les premières lois anti-juives sont promulguées. C'est dans ce contexte historique, que nous allons suivre la fuite de Charlotte dans le sud de la France chez une riche américaine. L'auteur se met subtilement en scène pour expliquer son parcours : la visite des lieux, il interroge les derniers témoins de la vie de Charlotte, qui lègue l'ensemble de ses œuvres à un ami médecin par crainte de son avenir. La jeune artiste peintre va malheureusement être arrêtée en 1943 par les nazis ; elle sera déportée et gazée, alors qu'elle était enceinte. Dans cet hymne à l'amour et à l'horreur, l'auteur la suit dans toutes les étapes de sa vie, jusqu'à l'insoutenable.
David Foenkinos nous signe ici d'une main de maître, un magnifique ouvrage sur le destin horrifique d'une jeune peintre juive allemande. L'auteur s'applique à reconstituer sa vie sous un style littéraire original, qui ne lui est pas connu, les vers libres, donnant ainsi une fraicheur et une respiration plus que nécessaires pour une histoire particulièrement dramatique. C'est un roman remarquable sur une jeune femme remarquable, dont l'auteur en serait presque tombé amoureux en l'écrivant. « Charlotte » est incontestablement l'œuvre de sa vie. « Charlotte » a reçu trois récompenses littéraires : le Prix liste Goncourt : le choix Polonais, le Prix Renaudot et également le Prix Goncourt des lycéens, qui sont bien évidemment amplement et largement mérités.

« Les mots n'ont pas toujours besoin d'une destination.
On les laisse s'arrêter aux frontières des sensations.
Errant sans tête dans l'espace du trouble.
Et c'est bien le privilège des artistes : vivre dans la confusion. »


Sur un plan plus personnel, David Foenkinos est sûrement l'auteur contemporain que j'apprécie le plus. Je crois que je ne remercierai jamais assez mon libraire de lycée de m'avoir guidé sur la route littéraire de cet auteur en 2004. Je me suis énormément construite grâce à tous ses romans.
 Il m'a été assez difficile pour moi de ne sélectionner que quelques romans de lui, mais je vous invite vivement à lire tous ses autres ouvrages. J'aime à penser qu'il est comme le bon vin ; il se fructifie avec le temps. En effet, son écriture s'améliore au fur et à mesure des années. C'est grâce à des auteurs comme lui, que je suis fière d'être libraire : fière de le défendre depuis cinq ans et demi maintenant, et particulièrement heureuse qu'il soit aussi mon ami.

[ Florian Zeller ]


Florian Zeller est un écrivain français. Il a été révélé par son premier roman « Neiges artificielles », recevant ainsi le prix de la fondation Hachette. Ce jeune écrivain fait une entrée fracassante sur les devants de la scène littéraire française. Florian Zeller est également un grand dramaturge de ce siècle. Il m'est aussi difficile pour cet auteur de sélectionner quelques ouvrages de lui, je vais donc me concentrer tout d'abord par  « Les amants du n'importe quoi », puis par « La fascination du pire », et ensuite par « La jouissance ».


« Les amants du n'importe quoi »

Florian Zeller nous livre ici l'éternelle histoire du « Fuis moi je te suis, suis mois je te fuis ». Tristan a une très haute opinion de lui-même, il se sent exceptionnel et supporte mal le fait de s'installer dans une certaine médiocrité. Pourtant, Amélie réussit à l'attendrir, mais plus elle l'adoucit et plus il lui en veut, tandis qu'elle tremble seulement à l'hypothèse d'une rupture imminente. Entre attendrissement, tromperies, jalousie, attente, dépendance, peur de l'abandon et cynisme, voici le spectacle effarant et cruel de tout ce que la passion provoque : des promesses intenables, d'instabilité sentimentale et d'impossible rupture. C'est tout ce « n'importe quoi » auquel les élans du cœur nous poussent à faire sans aucune maîtrise possible.
« Les amants du n'importe quoi » nous livre un portrait de couple typique de la nouvelle génération. Entre Tristan, aimant sa vie de célibataire et collectionnant les aventures d'un soir, et Amélie, croyant avoir trouvé le grand amour en Tristan, ce roman nous dévoile une juste réflexion sur l'humanité, sur les gens qui aiment et ceux qui se demandent ce que signifie aimer. Le style de Florian Zeller est très agréable, très fluide, avec une écriture divinement maîtrisé. Un roman moderne parfaitement réussi
.
« Au milieu d'une phrase, pourtant, il l'embrasse. Elle fait semblant d'être surprise. Par coquetterie encore une fois. Et pas indignation, pour signifier qu'on ne lui coupe pas la parole comme çà. Puis elle se détend, s'abandonne. »


« La fascination du pire »

Un jeune écrivain est invité par l'ambassade de France au Caire pour donner une conférence. Il y va un peu contraint et forcé...et rencontre un autre jeune auteur, avec lequel il va nouer une sorte de relation entre amitié et défiance. Les deux hommes discutent dans l'avion d'un ouvrage de Gustave Flaubert, qui donne directement le ton de leur voyage...une sorte de quête de plaisir dans un pays où la sensualité orientale n'est plus qu'un lointain souvenir. L'auteur tente de développer simplement des thèses diverses et variées qui vont de la place de la femme de l'Islam, à la tentation meurtrière de l'islamisme, ou encore à la sexualité masculine. Cependant, l'Islam n'est pas le seul sujet du livre, il y a aussi des personnages forts comme Martin qui prennent une place importante, parfois abjecte, arrogant, vulgaire mais cachant tout de même une véritable souffrance.
Florian Zeller nous pousse ici à réfléchir sur les fondements de la société orientale et occidentale. N'ayant pas pour but de faire polémique, ce roman est un cri d'humanisme, de liberté de pensée et d'expression pour ceux qui se font manipuler quotidiennement par divers médias. Florian Zeller nous incite à fixer la limite entre la fiction et le réel. Ce livre surprenant est parfois dérangeant mais doté d'une profonde intelligence.

« Un grand écrivain est justement celui  qui nous emmène là où nous n'avons pas envie d'aller.»


« La jouissance »

Pauline, cadre dans une grande entreprise de cosmétique, et Nicolas, scénariste de cinéma, vivent ensemble depuis deux ans. On fait leur connaissance dans la bohème d'un petit appartement étudiant du quartier de Montparnasse, on les quittera dans un appartement familial de Levallois. Deux ans, le temps d'avoir des souvenirs en commun, une vraie complicité, des références à eux. Le temps de faire un bébé, le temps de constater que l'amour s'en est allé. Le roman commence dans un lit, où Pauline et Nicolas ont encore des choses à découvrir. En faisant l'amour à Pauline, Nicolas fantasme qu'une amie commune, les a rejointe. Un peu plus loin, dans une chambre d'hôtel de l'affolante Victoria, il pense à Pauline. Dans le sexe, l'amour de Nicolas à la fois s'exaspère et se détruit. Ils souffrent et font souffrir, mais ils ne sont ni sombres, ni violents. Ils font de leur mieux ; ils ont la bonne volonté pour horizon. Leur amour s'éteindra pourtant, et c'est justement cette absence de vraie noirceur qui rend si poignant le délitement de leur passion.
« La jouissance » met en scène le quotidien d'un couple avec ses hauts et ses bas, ses joies et ses déceptions, ses rires et ses pleurs, un couple dans l'air du temps, ce qui nous rapproche inévitablement des personnages. Le rythme d'écriture est fluide, soutenu, ce qui empêche le lecteur de tomber dans un profond ennui. Florian Zeller a su une nouvelle fois démontrer son talent incontestable en nous transportant dans son univers, dans lequel il fait une critique sociale du couplé encré de politique, de philosophie avec beaucoup de simplicité et de légèreté.

« Nous êtres limités à l'esprit infini, sommes uniquement nés pour la joie et pour la souffrance. Et on pourrait presque dire que les plus éminent s'emparent de la joie par la souffrance. »

[ Romain Monnery ]



Romain Monnery est un auteur français. Il a suivi des études de langues, et ensuite a enchainé les petits boulots. Après avoir publié quelques nouvelles dans la revue Décapages, Romain Monnery a publié deux romans : « Libre, seul et assoupi » adapté au cinéma en 2014, et « Le saut du requin »


« Libre, seul et assoupi »

« Libre, seul et assoupi » trace l'histoire d'un garçon nomme Machin venant de terminer ses études de lettres, et n'a pas vraiment l'air décidé d'entrer dans la vie active Très rapidement, ses parents le mettent à la porte, excédés de le voir ne rien faire Il décide donc, par la suite de s'installer à Paris en collocation avec une de ses amies d'université et deux autres personnes C'est le point de départ d'une longue période d'errance et de doutes existentielles ; entres stages dévalorisants et périodes de résignations, sans ambition et sans soutien Ne rien faire, partir de rien pour aller nulle part. Il reste enfermé dans cet appartement des journées entières à se reposer sous ses lauriers. Exaspéré de tous ses stages, Machin se renferme encore plus sur lui-même. S'enfermant dans un quotidien, qui ne tient qu'à lire et regarder des films, il a conclu que le travail était fait pour les autres mais certainement pas pour lui. Machin va vite être rattrapé par les réalités de la vie, pour se nourrir et être indépendant comme on dit. Mais son caractère ne changera pas, il restera toujours sur sa planète sur laquelle personne ne peut lui dicter sa conduite ; cette planète sur laquelle il pourra vivre libre, seul et assoupi.
Romain Monnery nous fait regarder le monde avec une distance émouvante et drôle à la fois. L'auteur a décidé de nous faire voyager à travers un personnage qui décide d'aller à son rythme, sans aucune précipitation, moins vite que le reste de la société qui s'est inscrit dans un système déjà tout tracé. Dans  ce premier roman, l'auteur s'amuse à naviguer entre fiction et réalité. Il nous fait découvrir avec un humour et un cynisme plein de finesse les désillusions d'une génération désabusée et déchirée. L'auteur papillonne entre la volonté de bien faire et les joies incontestables de la nonchalance et de l'oisiveté

 « Et puis, il vivait dans un livre, lui. Gagnant sa vie en chapitres, il n'était pas soumis aux contingences matérielles. Il ne connaissait pas de problèmes d'horaires. Je l'enviais. Plus que jamais, j'aurais voulu être le héros d'un roman, rien que pour sauter ces pages de mon histoire qui me semblaient superflues. »


« Le saut du requin »

Le saut du requin c'est le moment fatidique où une série télé bascule dans le n'importe quoi. En tout cas, le roman de Romain Monnery parle d'une histoire d'amour  en queue de poisson entre Méline et Ziggy, qui se sont rencontrés sur Internet. Méline travaille dans la communication et Ziggy se prétend artiste et se considère comme génial. Il se nourrit de l'admiration constante de Méline, qu'il traite par-dessus la jambe. Mais les choses s'inversent quand la fade Méline décide de se laisser désirer. D'errance en erreurs, l'amour ne peut que se « casser la gueule ».
Romain Monnery trace le portrait d'amoureux solitaires volontairement caricaturaux ; il offre une vision sociologique sur l'art d'aimer par le biais d'Internet. « Le saut du requin » est un petit livre drôle, la grossièreté du personnage est hallucinante et criante de vérité. Il n'y a pas de happy-end dans ce roman, mais une fin comme dans la vraie vie. J'ai encore une fois aimé le style de l'auteur comme pour son premier roman « Libre, seul et assoupi ». Le style est simple, fluide, mais très bien écrit. Les chapitres sont courts, ce livre est un roman rafraichissant sans prétention traité avec beaucoup d'humour, et qui nous permet de passer un excellent moment.

« Le meilleur moyen de pourrir une relation, c'est de commence à se soucier de ce que pense l'autre. Qu'on soit bien d'accord là-dessus : pas de çà entre nous. »

[ Cécile Harel ]



Cécile Harel est une auteure d'une quarantaine d'années. Elle est la première auteure française a être publiée aux éditions des Escales. « En attendant que les beaux jours reviennent » est son premier roman.


« En attendant que les beaux jours reviennent »

La protagoniste, Marie, est une femme âgée de 40 ans , qui se rend un soir à un diner chez des amis, et rencontre l'homme de sa vie. Cet homme est différent des autres hommes : un peu décalé, éteint, renfermé, semblant être le parfait opposé de Marie, qui va lui raconter petit à petit son passé. Nous découvrons dans ce récit petit à petit la fragilité de Marie, qui tente malgré tout de garder un équilibre, tandis que ses parents et ses trois frères ont sombré. Entre la schizophrénie de son frère, les rendez-vous manqués de son père, le décès de sa mère, Marie tente tout de même de donner un sens à son existence. Tout devient pesant, lourd, sans issue, les relations familiales s'effritent au fur et à mesure des pages. Aussi bien cruel qu'émouvant, Marie nous livre ici son portrait d'une femme à la quête d'amour, des siens, mais tout d'abord à la recherche d'elle-même.
Cécile Harel nous livre ici, dans son premier roman, un récit poignant tout en finesse teinté d'émotion subtile, d'humour et de pudeur, ce qui rend le récit encore plus bouleversant. Toute la force du roman tient dans l'écriture parfaitement maitrisée, qui semble être spontanée, touchant ainsi le lecteur en plein cœur. Ce roman ressemble à un véritable témoignage criant de naturel et de sincérité. Un roman qui dévoile un portrait de femme bouleversant, qui va réussir à transformer cette fragilité en véritable force : un véritable succès.

« Le rien. L'attente. Le non-espoir. Le temps suspendu. Je veux retarder le moment de la fin. Je lui demande de respirer encore une fois. Pour moi. Pour nous. Pour la vie. »